Freegan : la récup’ comme art de vivre

par | 5 juin 2019 | Habitat durable & gestion des ressources | 0 commentaires

Temps de lecture : 6 minutes Une réaction au consumérisme Certaines sociétés consomment pour leur fonctionnement plus que d’autres ; les chiffres français de consommation énergétique sont une preuve de sa répartition inégalitaire. Nous vivons au détriment d’autres personnes. Les personnes qui choisissent la récup’ comme art de vivre sont nommées freegan. « Le freeganisme (en […]

Temps de lecture : 6 minutes

Une réaction au consumérisme

Certaines sociétés consomment pour leur fonctionnement plus que d’autres ; les chiffres français de consommation énergétique sont une preuve de sa répartition inégalitaire. Nous vivons au détriment d’autres personnes. Les personnes qui choisissent la récup’ comme art de vivre sont nommées freegan.

« Le freeganisme (en anglais freeganism), ou gratuivorisme1, est un mode de vie alternatif qui consiste à consommer principalement ce qui est gratuit2 et végane3, à créer des réseaux d’entraide qui facilitent ce choix4 afin de dénoncer le gaspillage alimentaire et la pollution générées par les déchets5,6 mais aussi les problèmes de transports (transport écologique), du travail (réduction du temps de travail) et du logement (réquisition citoyenne) dans la société occidentale.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Freeganisme

Le freegan choisit, indépendamment de son statut social et de ses richesses, de consommer des déchets : Invendus de magasins alimentaires, fouilles des poubelles pour s’habiller, récupérations d’objets. C’est une démarche militante et proactive de ceux qui ne supportent pas l’hyperconsommation et l’inégalité.

La consommation est affaire de besoins, l’hyperconsommation de désirs.

Imitation du modèle animal

Cette démarche est un appel à une vie frugale et opportuniste, telle la vie animale en milieu naturel : Dans un écosystème, la disponibilité des ressources est fluctuante (donc relativement incertaine), liée aux saisons et à la présence de concurrents entre autres. Chaque espèce détermine sa stratégie d’adaptation : l’ours hiberne au moment où ses ressources diminuent (stratégie de stockage interne), l’être humain sédentaire cultive à la belle saison et fabrique des conserves avec ses surplus (stratégie de stockage externe), certains oiseaux migrent (stratégie de fuite – que l’être humain nomade pratique), etc…

Mais récolter de l’énergie demande de l’énergie!

Ce principe poussent les êtres vivants à faire le minimum d’effort pour le maximum de résultats. On verrait donc un prédateur de savane tel le lion se prélasser à côté de ses proies s’il n’avait pas besoin de manger. Ses besoins sont comblés à l’instant présent, et son contexte lui évite d’avoir à stocker sa nourriture…

Là où je veux en venir, c’est que les déchets dans un écosystème humain sont une ressource comme une autre : elle va et vient, le freegan l’exploite donc au gré de sa disponibilité, et selon ses besoins. On retrouve la frugalité et l’opportunisme : on accepte humblement le manque d’une ressource, et l’on profite de sa présence pour l’exploiter.

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Les 5R des freegan

L’économie circulaire obéit au principe physique de transfert d’énergie : à chaque changement d’état, une perte. L’économie circulaire tente de recycler des produits en nouvelles matières premières pour d’autres industries, par la fonte, le tri, le découpage (découper des pneus usagés permet d’en faire des aires de jeux pour enfant, etc.).

Ce système nécessite des processus pouvant être couteux : moyens de transports lourds, industries énergivores pour le traitement et la revalorisation des déchets, re-marketing…

A chaque problème ses solutions, notamment dans la gestion des déchets ; ces différentes solutions sont résumées par l’acronyme 5R : Refuser, réduire, réutiliser, réparer, recycler.

Exemple : une branche de platane élaguée pour l’entretien de voirie peut être :

  • Recyclée en broyat et sciure pour les écuries ou la fabrication de meubles…
  • Réutilisée en piquets de clôture.

La réutiliser sans la recycler est plus efficace énergétiquement. Moins de travail physique, plus de travail mental. Penser coûte moins cher que bouger, c’est une action potentiellement plus rentable. Exemple: réfléchir à un projet de construction avant de l’entreprendre est une évidence!

Cette démarche est un continuum : plus vous êtes à gauche (Refuser), moins vous consommez d’énergie au total, et vice versa. Mais trouver un nouvel usage à un objet ou une matière demande parfois beaucoup d’ingéniosité, obligeant à sortir du cadre habituel de la pensée: Think out of the box, disent les anglais (Penser hors du cadre). Il arrive qu’une nouvelle solution émerge et paraisse honteusement simple en comparaison d’un recyclage nécessitant toute une industrie. « Keep It Simple, Stupid ! »

Les ‘‘Réutiliser’‘ et ‘‘Recycler’‘ sont affaires d’ingénierie, les ‘‘Réduire’‘ et ‘‘Refuser’‘ sont d’ordre éthique ou économique.

Choisis ton camps, camarade! Freegan : la récup’ comme art de vivre !!!


1 : Nous disposons de 400 esclaves énergétiques environ pour nos activités (énergie totale consommée en équivalent énergie humaine), et nous consommons chaque année ce que la planète produit en 3 ans. Nous vivons donc à crédit énergétique chaque année et la mécanique est similaire à une gestion bancaire : on finit fauché, sans ressources.

2 : ‘‘Free’‘ signifie libre en anglais, ‘‘gan’‘ étant un suffixe désignant un régime par exemple : le ‘‘vegetarian’‘ se nourrit de végétaux, le ‘‘freegan’‘ se nourrit de gratuité.

3 : Remplacer un produit encore fonctionnel, posséder plusieurs objets ayant la même fonction sans intérêt précis…

4 : « Garde ça simple, idiot ! », l’acronyme original est KISS.

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