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Début 2018, plusieurs commerçants ou restaurateurs du centre-ville de Béziers ont indiqué leur souhait de collaborer avec nous pour la récupération de déchets de cuisine. Ils produisent, nous récoltons. Voici la démarche imaginée, inspiré de la méthode Kanban, d’où le nom Relais-Compost Kanban.
L’étude
Qui ?
Partenariat entre:
- commerçant (celui qui produit les déchets)
- récoltant (celui qui vient débarrasser le déchet)
Quoi ?
Le commerçant produit des déchets de cuisine. Il doit les évacuer.
Où ?
- Production des déchets: chez le commerçant
- Évacuation: au local de l’association
Quand ?
- Dépend de la quantité produite, qui dépend de la demande client, qui dépend de la saisonnalité.
- Évolue dans l’année, voire dans le mois ou la semaine selon les commerces.
- Important: Évaluer régulièrement le rythme moyen de création de déchets.
Comment ?
Contenants selon le principe « Kanban » chez le commerçant:
Un contenant vert, un contenant rouge.
- Le commerçant remplit le contenant vert
- une fois le contenant vert plein, le commerçant envoie un signal au récoltant (sms, mail, pigeon voyageur…).
- Le récoltant dispose de n jours pour venir récupérer, basé sur la consommation du moment.
Besoins du récoltant vis-à-vis du signal:
- Connaitre la date du signal
- Éviter que le signal arrive entre les mains d’une seule personne
Solution à priori efficace pour le récoltant: un e-mail à Natura-lien?
Risque de la solution: que personne ne regarde les mails…
Le commerçant évalue régulièrement sa consommation et signale au récoltant si il faut augmenter la fréquence de récolte.
Combien ?
Production de déchets selon la saison
- Saison creuse: 0,5L déchets/jour
- Saison pleine: 10L déchets/jour (5 à 7 l’automne à titre d’info)
Volume utile du meuble prévu pour le stockage des déchets: H60L60p30 = 108 litres
Note: forte différence entre saison creuse et saison pleine
Affluence (10 étant le maximum):
- Printemps: 7/10
- Été: 10/10
- Automne: 7/10
- Hiver: 2/10
Pourquoi ?
Le commerçant dit créer beaucoup de déchets, il croit que cela pourrait être valorisé et indique que cela ne lui demanderait pas plus ou moins de travail.
Le récoltant a besoin de matière organique pour fertiliser des jardins, faire des semis dans de bonnes conditions, promouvoir de nouveaux projets locaux: bref, produire du compost et du terreau.
Pourquoi la gestion Kanban?
Visuel, peu dispendieux, simple d’installation et simple à comprendre, flexible pour le commerçant (Il peut encore amasser des déchets pendant n jours comme pour le récoltant (il a n jours pour venir)
Calculs et équation
Pour lancer cette démarche entre un commerçant et un récoltant, Il faut dimensionner un stock et confirmer les modalités de communication. Plusieurs calculs sont préalables à l’établissement du système.
Soient les variables suivantes:
- X = stock de sécurité, ou nombre de jour nécessaires pour remplir le stock rouge ou vert
- l = stock de chaque contenant (le rouge et le vert), en litres
- St = volume de stockage total, en litres
- p = production de déchets journaliers maximum, en litres
- n = intervalle maximum entre deux récoltes, en jours
- s = indice de saisonnalité
- nM = nombre de jours maximum entre deux récoltes
Taille du stock
Basée sur le volume de déchets journalier maximal (correspondant à la saison pleine).
St ≥ p*nM
Pour savoir quel est le volume d’un seul contenant, diviser cette valeur par deux.
Limite naturelle de stockage
Les déchets de cuisine sont un « produit » vivant: l’entreposer trop longtemps dans un contenant fermé est contre-nature (manque d’oxygène et de carbone, induisant une fermentation anaérobie, c’est ça, la mauvaise odeur d’un compost mal géré…).
Selon la saison, le restaurateurs produira peut-être moins de déchets, et le temps de remplir les seaux sera long. On fixe une limite de 7 jours, pouvant aller à 15 jours grand maximum (il est certains qu’à 15 jours et même 7 dans les conditions ci-dessus, les déchets de cuisine dégageront une odeur forte, causée par cette fermentation anaérobie). Solutions pour parer à ça: contenants avec couvercle hermétiques (mais cela masque le problème au lieu de le résoudre et réduit la qualité des déchets), ou disposer d’un stock de matière sèche pour incorporer au compost, à la manière de lasagnes (une couche de déchets de cuisine, une couche de papier/carton/marc de café/terre/paille…)
Intervalle maximum entre deux récoltes
n = St/(p*s)
si n est supérieur à nM, alors l’intervalle sera égale à nM, constante fixée arbitrairement selon les contraintes du récoltant.
Stock de sécurité
X = (St/2)*(p*s)
Un exemple concret
Basé sur les équations ci-dessus et la situation concrète vécu avec la restauratrice du centre-ville, on peut estimer pour cette étude les données suivantes:
Volume du stock
St ≥ p*nM (≥) 10*7 (≥) 70
Le stock doit au moins faire 70 litres. 100 litres est le volume du stock retenu, prenant en compte la place disponible et une marge de sécurité.
Limite naturelle de stockage
Au vu de la proximité entre récoltant et restaurateur et des emplois du temps de chacun, 7 jours sera l’intervalle maximum entre deux récoltes.
Intervalle maximum entre deux récoltes
saison creuse (hiver)
n = St/(p*s) = 100/(10*0,2) = 50 jours
Cela veut dire que la production en hiver est très faible et que les bacs ne seront remplis que tous les presque deux mois. On choisit donc de récolter tous les 7 jours, pour éviter que les déchets ne fermentent trop et deviennent inutilisable pour du compostage.
saison pleine (été)
n = St/(p*s) = 100/(10*1) = 10 jours
Ici encore, le volume de stockage est suffisant pour venir uniquement aux intervalles maximum, soit 7 jours.
Choix retenu:
- Contenant: bacs rectangulaires de 10L ou seaux alimentaires ronds de 10L avec couvercle hermétique (si possible avec des anses)
- Stock classique + stock de sécurité = 5 bacs de 10L + 5 bacs de 10L = 50L + 50L de stock de sécurité
- Récolte tous les 7 jours quelque soit la saison et le volume.
Conclusion
A mes yeux, ce système est simple à mettre en place et demande une heure de réflexion au maximum pour régler les modalités de sa création.
En cette période de perte de la biodiversité et de la fertilité des sols, n’est-il pas urgent de revaloriser nos déchets de cuisine, vu leurs valeurs et la quantité massive à récupérer partout? Cela me fait penser à l’image d’un chercheur d’or daltonien, qui rejetterait à la rivière l’or qu’il trouve entrevoir sa couleur, pour ne garder que les graviers…
Yan pour Natura-lien Samedi 14 Avril 2018
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