Four solaire : pourquoi nous devrions l’adopter

par | 26 mars 2020 | 30JoursPourYPenser | 0 commentaires

Le four solaire, vous connaissez? Voyons les enjeux écologiques et économiques de la cuisson solaire, pour savoir si nous devons l'adopter.

Temps de lecture : 12 minutes

Le four solaire, vous connaissez? Nous allons surtout développer ici les enjeux écologiques et économiques de la cuisson solaire. En ce qui concerne la question « comment en fabriquer un », nous avons déjà écrit un article là-dessus.

En ce qui concerne l’énergie en général, le contexte actuel est plutôt à la raréfaction des ressources plutôt qu’à leur disponibilité. Comme ce sujet est traité dans de nombreux ouvrage, je vous propose une liste en fin d’article.

Alors, le four solaire est-il adapté à notre contexte actuel? est-ce aussi écologique que cela? Cela dépendra bien sûr de notre environnement et des ressources présentes localement. Finalement, pourquoi nous devrions l’adopter?

Four solaire : Contexte

Photo du grand four solaire d'Odeillo.

La cuisson solaire n’est pas une affaire nouvelle. Cette technologie est maitrisée depuis plus de 50 ans, comme le prouve le four d’Odeillo dans les Pyrénées orientales qui a été mis en service en 1969.

Il existe différentes technologies de cuiseurs solaire :

  • La parabole : concentrer les rayons du soleil en un point
  • La boîte : utiliser l’effet de serre
  • Certains combinent les deux principes (celui qu’on fabrique chez Natura-lien !)

Four solaire : facile à utiliser ?

Tous les modèles ne se valent pas en termes d’efficacité/praticité, et en coût non plus ! de 100 à plus de 500€, il y en a pour tous les budgets. Certains sont aussi efficaces qu’un four classique. 😉

Par exemple, j’ai moi-même fabriqué un four à base d’une lentille de Fresnel, suivant le modèle de la vidéo ci-dessous, et je peux attester que le bois prend feu instantanément !

Au-delà de la technologie elle-même, le soleil compte, bien sûr. La carte de France ci-dessous montre que toutes les régions ne jouissent pas du même rayonnement solaire. Par ailleurs, son angle d’incidence avec la terre est important : le soleil frappe plus directement la terre en été qu’en hiver.

carte montrant le rayonnement solaire moyen en france
Mon expérience à ce sujet est faite à Béziers. Gardez cela en tête pour la lecture de l’article!

Pour résumer, les trois points qui comptent :

  • Type de four
  • Emplacement
  • Saison

Typiquement, le pourtour méditerranéen est propice à la cuisson solaire. Mon expérience m’indique que c’est possible presque 6 mois dans l’année avec un four autoconstruit.

Alors, en conclusion : oui, la cuisson solaire fonctionne si les 3 paramètres sont propices. C’est plus long, moins cher, sans risque de brûler la nourriture, mais…est-ce écologique ? A ce propos, la méditerranée est un exemple typique qui va nous aider à comprendre la suite. Nous avons des saisons chaudes et sèches. Clairement pas l’idéal pour avoir des forêts luxuriantes à prélever pour cuire notre nourriture au feu de bois! Et c’est là que je veux en venir avec cet article.

Four solaire : écologie, économie

Première chose à savoir à propos des fours solaires : ils consomment de l’aluminium, sous forme de papier alu pour les auto-construits, et sous d’autres formes plus élaborées pour les modèles commerciaux.

Extraire de l’aluminium, c’est très polluant :

  • érosion du sol car mine à ciel ouvert
  • destruction des faune et flore locales
  • gaz à effet de serre et rejet d’autres particules indésirables dans l’atmosphère
  • très coûteux en énergie et en eau (eau qui bien entendu se charge de particules qu’elle n’aurait jamais dû voir, et cela part polluer les cours d’eau de la région)
  • déforestation pour créer les structures de traitement
  • perte de zone vivrières pour les humains
  • conflits géopolitiques
  • l’enrichissement des extracteurs au détriment de l’autonomie des populations locales

Ouf ! A priori, nous partons avec un certain handicap écologique. L’aluminium n’est pas une aubaine environnementale, La cuisson solaire a donc un impact écologique.

Cependant, tout impact doit être mis en perspective. L’aluminium est utilisé pour pléthore d’activités humaines, notamment la voiture.

L’exemple de la voiture

Prenons ce seul exemple ; selon une étude de l’Aluminium Association de mars 2009, le poids d’aluminium dans une voiture à cette époque là représentait environ 8%, ce qui semble avoir augmenté depuis (règlementations environnementales oblige, il faut alléger les véhicules).

Or, pour une voiture d’une tonne (ce qui n’est pas lourd pour une voiture…), cela représente 80 kg d’aluminium. Le poids d’aluminium pour un four solaire est de, admettons 10 grammes (ma balance prend à partir de 10 grammes et je ne parviens pas à obtenir de pesée visible).

Donc, une voiture d’une tonne aurait l’équivalent en aluminium de 8 000 fours solaires auto construits. Autrement dit, pour une ville comme Béziers (75 000 habitants environ), si 10 personnes évitent d’acheter un véhicule neuf, nous pouvons équiper tous les foyers de la ville. De quoi relativiser l’impact carbone, si l’on se réfère au mode de vie moyen et à la seule industrie automobile. Bon, continuons l’analyse écologique.

A lire aussi :  Le monde (dingue) des graines

Choix énergétiques actuels : polluant ou polluant…

Selon l’Atlas de la Cuisine Solaire :

  • Un européen va dépendre à plus de 80 % des énergies fossiles pour la cuisson de ses aliments
  • Ces énergies ont un coût estimé à 60 € par an pour une famille moyenne française
  • 130 kg de CO2/an, plus d’autres effets tels la production de déchets radioactifs

Un four solaire nommé le « AlSol K14 » aurait un impact carbone mesuré de 143 kg de CO2,

Retour sur investissement écologique :

  • France : environ un an (énergie fossile, famille de 2-3 personnes)
  • Afrique : 1 mois (énergie bois, famille de 6 personnes)

Si je prends l’exemple africain, c’est que le pourtour méditerranéen, s’il venait à choisir l’autonomie énergétique, aurait recours à une déforestation massive, ce serait pratiquement inévitable.

Pour ce raisonnement, je me base sur une conférence fort intéressante de Jean-Marc Janconvici « CO2 ou PIB, il faut choisir ».

Voici ce que j’en retiens : La France d’il y a 300 ans était tout renouvelable, mais déforestait. Si nous ne déforestons plus aujourd’hui, c’est parce qu’on a de l’énergie fossile. Et c’est un modèle écologiquement non-soutenable. Le renouvelable solaire et éolien ne fournissant qu’une puissance dérisoire en comparaison du fossile, il y a fort à parier que nous déforesterions à nouveau si notre consommation fossile diminuait.

Finalement, soit nous polluons en étant dépendant, soit nous déforestons en étant autonomes.

En conclusion

Nous avons vu que malgré un impact écologique non-nul, un four solaire commercial est rapidement rentabilisé écologiquement (un an au plus en France). Par ailleurs, sa durée de vie estimée est de 15 ans en utilisation quotidienne. En fait, ce sera plus en réalité car il ne fait pas soleil tous les jours, et c’est là une limitation des fours solaires : la dépendance aux rayons solaires.

On pourrait aisément mutualiser un ou plusieurs fours solaires selon les habitats (résidences, quartier pavillonnaire etc.), pour encore limiter la quantité de fours solaires nécessaires.

Finalement, je crois qu’il est prouvé la rentabilité écologique des fours solaires, et je dis donc que OUI, nous devrions l’adopter

Attention, je ne parle pas ici de technologies plus efficientes de four à bois, tel les rockets stove, qui permettraient d’économiser un peu d’énergie bois (voir le modèle fabriqué par Clément des Humus Pays d’Oc, et aussi une autre version chez Terre-Paille et compagnie).

Quelques livres traitant des ressources et de leur raréfaction

  • Le mobile et la planète
  • Le plein s’il vous plait
  • Comment tout peut s’effondrer
  • Le blé, la faim, la bagnole et nous

A propos de la série #30JoursPourYPenser

Pendant le confinement lié au Coronavirus : 30 jours, 30 articles, autour de la nature et de l’humain, pour comprendre et dessiner un monde durable et joyeux

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