Un jardin en Permaculture 5 ans après (Vidéo)

par | 10 mai 2020 | 30JoursPourYPenser, Réalisations | 0 commentaires

A quoi peut ressembler un jardin en permaculture? Retour d'expérience, conseils, et je l'espère des images qui vous plairont.

Temps de lecture : 12 minutes

#30JoursPourYPenser Numéro 30

A quoi peut ressembler un jardin en permaculture? Retour d’expérience, conseils, et je l’espère des images qui vous plairont.

Cette vidéo, j’ai envie de vous la proposer depuis longtemps. On accueille assez peu le public ici, parce qu’on est dans une résidence privée, alors j’essaie de ne pas faire venir trop de personnes extérieures. Donc j’ai trouvé que vous le faire visiter et en même temps, faire une synthèse de la série 30JoursPourYPenser, c’était la p’tite cerise sur le gâteau que j’ai pris 30 jours à confectionner!

J’ai reçu beaucoup de commentaires sur ce jardin qui a bien évolué depuis ses débuts. Avec cette vidéo, j’espère répondre à quelques interrogations et en tout cas, vous faire plaisir avec de belles images, apporter un retour d’expérience sur ce qu’on a vécu ici depuis le début, soit 5 ans à peu près.

Un jardin « naturel »

La première chose qui saute aux yeux de la plupart des gens, c’est le côté « désorganisé » du jardin, en tout cas c’est l’impression qu’ils s’en font. Il y a beaucoup de végétation, parfois on a à peine la place de passer. On a différentes strates végétales, des arbres mélangées aux plantes potagères, avec des arbustes au milieu et on essaie de faire s’accrocher des plantes grimpantes aussi…

Souvent, ça a provoqué une sorte d’incompréhension. Vraiment, dans les débuts le jardin était un peu mal vu dans cette résidence, en tout cas de nombreux retours ne faisaient pas rêver…Mais j’avais l’intuition que c’était une façon adaptée de conduire un jardin. Le temps que les arbres poussent un peu, que la terre s’améliore, que la biodiversité revienne, c’était pas toujours facile, notamment avec les gestionnaires de la résidence. On a même faillit se faire éjecter un jour. Mais bon, ça ne s’est pas fait et aujourd’hui, je reçois plus de retours positifs, parfois même depuis l’extérieur de la résidence. ça veut dire que les habitants parlent de ça positivement autour d’eux.

Les débuts

Au départ, c’était une création collective et non permaculturelle. On était simplement quelques voisins motivés, donc on s’est réunis, et on a commencé à poser ça sur le papier, puis au bout d’un moment, ça se mettait en place, avec l’accord de la résidence.A force, on est passé de 5 – 6 participants à 2 ou 3. Dans le même temps, je découvrais la permaculture et je m’y suis formé. D’un jardin en carrés, on l’a fait évoluer vers quelque chose d’un peu moins formel et rectiligne. D’ailleurs, j’ai rédigé un article à propos des lignes de désirs et des motifs de la nature, je vous laisse le lien en description de la vidéo, si vous voulez savoir pourquoi les permaculteurs évitent les lignes droites dès que possible.

La démarche

Pour commencer, Il y a beaucoup d’arbres. Vu qu’on est en haut d’une crête : beaucoup de vent, le soleil de la méditerranée qui tape fort, un grand mur qui le réverbère, un accès à l’eau difficile…bref, on a bien besoin d’ombre! Sans parler des autres services que rend l’arbre. En fait, je pourrais pas assez insister sur la valeur qu’a un arbre dans un système comme celui-là. D’ailleurs, de nombreux permaculteurs de grande renommée militent pour reforester et accueillir les arbres dans nos systèmes agricoles. On m’en a donné, j’en ai semé, j’en ai acheté, et j’ai beaucoup jeté de noyaux et pépins du haut de ma terrasse, deux étages au dessus du jardin. Depuis quelques années on voit les pêchers, abricotiers et autres fruitiers du genre germer et pousser de partout, sans compter les autres arbres…Je pense qu’à terme, on aura une densité d’arbre trop importante, mais c’était la position de départ : pour l’instant on a plus besoin de nourriture et d’ombre que de soleil direct, alors avant qu’on aie plus assez de luminosité, on a encore une décennie devant nous…

On a une zone centrale avec des planches de cultures plutôt conventionnelles, où on essaie de n’associer que de deux ou trois cultures au maximum, pour ne pas trop compliquer la gestion. On désherbe ces zones du mieux possible, pour pouvoir compter sur des récoltes précises.

Mais ça, c’est assez récent. En fait, j’ai commencé en mélangeant tout, dans tous les sens; en recherchant la densité et la diversité. Dans un premier temps, j’ai beaucoup plus travaillé pour le sol et la biodiversité que pour les plantes, et j’ai l’impression que ça paye en terme de santé et de productivité, même si au début je produisais très peu en comparaison avec du jardinage classique.

Au final, le jardinage selon la permaculture, c’est plus une démarche à s’approprier qu’une solution clé en main. Bref, dans la configuration de départ où je mélangeais tout, je me faisais dépasser régulièrement par la végétation, alors j’ai fait évoluer le système.J’ai d’autres zones pour entretenir la biodiversité maintenant.Ça fonctionne en trois pôles : l’intensif au milieu, dont je viens de vous parler, le synécologique au sud, ou je sélectionne les plantes choisies tout en laissant de la place aux autres, je fais des désherbages très sélectifs et presque jamais d’arrachage. Le sol y est couvert tout le temps.Et la troisième zone, c’est une couronne de biodiversité qui est semi-cultivée, à terme elle nous protégera mieux du vent, tout en étant un habitat à l’année pour toute la faune et la flore, qui participe à la résilience de l’écosystème. A ce jour, il y a peu de plantes malades, en général moins que dans la plupart des autres jardins « classiques ». Quand ils me disent que tel ou tel légume ne fonctionne pas cette année, je n’ai pas l’impression que ça soit le cas pour moi. En même temps, même si la recherche scientifique démontre assez bien cette démarche aujourd’hui, à mon niveau ça reste une impression plus qu’un fait objectif.

Au niveau du travail, les outils et le travail sont mutualisés quand il y a du monde ; par le biais de notre association, on a une serre partagée qui permet de fournir 70% à 80% de nos plants. Ici on a aussi un coin pépinière, et en plus on profite des microclimats de nos terrasses en béton, qui accumule de la chaleur, pour lancer des semis. Le fait de pouvoir compter sur d’autres personnes pour gérer les semis, c’est un vrai plus.

On a 4 cuves de mille litres, dont une est reliée à une descente de gouttière. La toiture du bâtiment fait 300m² environ, c’est plutôt intéressant. Mais pour autant, c’est clairement insuffisant. Et vu qu’on a pas le droit de faire des travaux plus sérieux pour augmenter les capacités de stockage, on doit vraiment s’adapter à la saison chaude…C’est un facteur limitant ici, comme dans toute la région de toute façon. Et le cadre fait qu’on ne peut pas faire ce qu’on veut pour améliorer ça, pas de mare, pas de cuves de grande capacité…On met des oyas quand on peut, on couvre bien le sol, et on se dit même que vu l’ensoleillement de la région, ne rien cultiver en Juillet – Aout pourrait valoir le coup.

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Alors bon, on survit l’été, ce qui fait qu’on reçoit plus de commentaires négatifs l’été que les autres saisons. ça serait un des premiers retours que je ferais sur notre expérience ici : quel est le degré de collaboration entre toutes les parties prenantes? Des fois, on a un peu eu l’impression de se battre contre des moulins pour ce projet. Alors que dans un autre lieu, on aurait peut-être eu des personnes beaucoup, beaucoup plus motivées. Donc, d’abord commencer par essayer d’avoir un point d’eau sûr et s’assurer que le propriétaire ne vous tolère pas juste pour vous faire plaisir, mais qu’il est animé lui-même par la démarche! Dit comme ça, ça parait tellement évident…qu’on l’a pas fait au début!

Un dernier point de la démarche entreprise ici, c’est la place accordée aux plantes sauvages, qu’on appelle adventices. Je me suis rendu compte qu’elles portaient faussement le nom de « mauvaises herbes », alors qu’une bonne moitié était comestible dans le jardin! En plus de multiplier les ressources pour la faune locale, qui contribue ensuite à l’équilibre du jardin, ça donne une nourriture de meilleure qualité nutritive en général que les plantes cultivées, et ça ne demande aucun travail! C’est hyper important de le garder en tête ça, meilleure qualité, pour moins de travail. N’importe quel chef d’entreprise court vers une solution qui est plus rentable comme celle-là! Même si ça nécessite un investissement, un apprentissage, je pense que c’est une démarche qui sert tout le monde. La nature s’épanouit, l’humain en récolte les fruits, sans s’épuiser. Et on sèche aussi les plantes avec un séchoir solaire. Une plante qui dépasse dans une allée, hop, coupe-coupe et direction le séchoir. Avec le temps, faire en sorte que le plus de mouvements possibles soient une récolte, c’est un idéal que j’ai envie d’atteindre.

Fertilité et ressources

Au départ, on avait une sorte de gazon qui poussait sur une terre plus ou moins de remblais. D’un point de vue de la fertilité, ça n’était pas ce qu’on peut appeler une terre maraîchère. Bon, j’ai choisi plusieurs solutions, mais j’étais assez limité dans le sens où je n’ai utilisé pratiquement qu’un vélo cargo pour tout transporter. Petit à petit, je récupérais des aiguilles de pin dans mon quartier, de la tonte dans la résidence, des déchets d’élagage, du marc de café dans des commerces voisins, du compost grâce au composteur collectif qu’on a installé dans la résidence, et aussi mes toilettes sèches, jusqu’à fertiliser à l’urine (j’ai aussi une vidéo à ce sujet ainsi qu’un article, je laisse les liens en description). On couvre pratiquement toute l’année toutes les cultures du jardin, et quand on a suffisamment de biomasse on couvre les allées, ça fait du compost sur place, et ça limite le désherbage des allées !

Conclusion

Si je devais aller à l’essentiel pour ce jardin, je pense au fait d’accorder de la confiance et du temps à la nature, et à garder la confiance malgré la pression des autres. On le sait, la nature crée l’abondance sans qu’on aie à intervenir, c’est même en intervenant pas qu’elle s’exprimer le mieux en quelque sorte. Mais elle a son propre rythme, et clairement, on a pas le même. En plus, on atteint les limites de ce que notre planète peut fournir comme ressources, et en parler, ça suscite la controverse. Je crains que les humains aient des difficultés à comprendre la même chose au même moment, surtout vu la quantité gigantesque d’informations disponible…Puis il y a toutes les mécaniques de biais, de dénis qui se mettent en place. Et toi t’es là, au milieu, à te dire qu’avoir confiance dans les capacités de la nature va nous sauver…j’ai beaucoup et souvent douté, mais aujourd’hui, je vois ce jardin et me dis que ça en valait la peine, et qu’il n’y a plus qu’à continuer à faire confiance, jour après jour.

Bref, pour résumer : on sait qu’il est nécessaire de changer des choses dans notre mode de vie, que se mettre au diapason, ça prend du temps, et que la nature a son propre rythme qu’on a tout intérêt à respecter. Pas de chance en plus, ce rythme est très différent du nôtre.Donc, le point majeur, je dirais…patience et compréhension. Par bonheur, on peut cultiver cet état d’esprit, alors je vous souhaite du bon temps à méditer là-dessus !

A propos de la série #30JoursPourYPenser

Pendant le confinement lié au Coronavirus : 30 jours, 30 articles, autours de la nature et de l’humain, pour comprendre et dessiner un monde durable et joyeux !

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