Le monde (dingue) des graines

par | 4 avril 2020 | 30JoursPourYPenser | 0 commentaires

Des graines plus chères que l'or, une graine de 20 kilos, des millions d'espèces...Bienvenue dans un monde si riche et diversifié qu'une vie ne suffirait pas à le comprendre. Enfin, on va quand même en faire un petit tour.

Temps de lecture : 12 minutes

Des graines plus chères que l’or, une graine de 20 kilos, des millions d’espèces…Bienvenue dans un monde si riche et diversifié qu’une vie ne suffirait pas à le comprendre. Enfin, on va quand même en faire un petit tour.

Script de la vidéo

Bonjour à tous, aujourd’hui on va parler d’un monde très diversifié, celui des graines.

Mon objectif ici, c’est de vous présenter cette diversité, comment ce monde fonctionne, parce que je crois que pour respecter le monde qui nous entoure, il est bon de commencer par le comprendre et s’en émerveiller.

Alors comme je l’ai fais un peu plus tôt dans ma série #30JoursPourYPenser, j’utilise un format diaporama. Pour une vidéo sur Youtube, c’est bien dégueulasse, je le reconnais. Mais mon diapo existe déjà, et le minimum d’efforts pour le maximum de résultats est un principe de la Permaculture, alors moi…J’essaie de respecter les principes!

Allez on commence!

Déjà, j’enfonce une porte ouverte, mais c’est important de le rappeler : une caractéristique fondamentale du monde végétal, par rapport au monde animal, c’est l’immobilité. Je ne parlerais pas ici des exceptions car certains végétaux sont connus pour se déplacer, en quelque sorte, mais c’est pas le sujet.

Les animaux peuvent bouger pour chercher leur nourriture, combattre ou fuire, se reproduire, etc. Pour le végétal, c’est plus limité hein…Méditer, compter les cailloux, embêter les promoteurs immobiliers, et plein d’autres choses passionantes, n’est-ce pas?

Bon, cependant, les végétaux compensent le fait de ne pas pouvoir bouger. On dit d’eux qu’ils sont autotrophes, c’est à dire, grosso modo, qu’ils sont capables de synthétiser leur nourriture par leurs propres moyens, depuis le monde minéral. Oui, les végétaux sucent des cailloux! Et il vaut mieux, puisqu’ils ne se déplacent pas pour manger. Mais sans pouvoir se déplacer, ils ont quand même une vie sociale, comme le suggère entre autres Peter Wohlleben, avec son best-seller « la vie secrète des arbres ». A ce propos, la phytosociologie est une science à part entière.

Génétiquement, on sait que de nombreux végétaux sont… bien différents de nous. Le maïs, par exemple, a deux fois plus de gènes que nous. Le mûrier noir possède 6 fois plus de chromosomes que nous, la fougère, 40 fois plus!

Mon hypothèse pour expliquer ça est que ne pouvant pas se déplacer, les végétaux tirent parti d’un matériel génétique mieux fournis pour s’adapter plus finement à leur environnement. L’animal, lui, n’a qu’à changer d’endroit quand ça commence à sentir le roussi!

Maintenant que c’est dit, parlons des graines. Pourquoi « bouger » quand on est immobile? Là je parle bien entendu de disséminer des graines.

Eh bien, pour explorer des habitats propices, où il y aurait moins de compétition, plus de lumière, des propriétés physico-chimiques du sol plus adaptées, etc.

Et là, ça m’amène à vous parler des niches. A gauche, une niche économique (les déguisements pour chiens), à droite, une niche écologique (deux lichens qui se partagent un tronc d’arbre; on peut imaginer que l’un aime plus d’humidité ou supporte moins le vent).
Les niches permettent d’éviter ou atténuer la compétition, en répondant à la diversité des besoins, qui sont spécifiques à chaque espèce, voire même chaque individu. Il suffit de regarder le nombre de régimes différents chez l’humain pour s’en rendre compte.

Je ne vais pas discuter ici de comment les graines sont formés, il y a des vidéos entières qui traitent du sujet, en voici une : https://www.youtube.com/watch?v=bovZt3bHcmg

Mais pour faire court, les fruits sont comme nos ovaires, les graines comme nos ovules, et le pollen comme nos spermatozoïdes

Bon, 90% des plantes à fleurs utilisent les animaux pour se disséminer : insectes, oiseaux, mammifères, dont l’humain. Dans certains cas, une co-évolution a adapté la plante à son agent disperseur, tant et si bien que certaines plantes dépendent d’un seul insecte pour leur reproduction!

Ici, un exemple que j’aime bien, d’une pollinisation « à la main », de pommiers en Asie. On peut faire pareil pour les courgettes notamment, surtout quand on souhaite assurer la pureté variétale. A ce propos, il se dit à droite à gauche qu’on pourrait avoir de plus en plus besoin de polliniser à la main, vu le déclin des abeilles…

Mais alors, les 10% restants? Par le vent, bien évidemment! C’est le cas des gymnospermes (les cyprès, les pins, en fait les conifères pour faire simple), mais c’est aussi le cas des céréales (on les appelle les graminées). C’est grâce à ces plantes que la table de votre terrasse est sale une journée après l’avoir nettoyé, ainsi que les allergies et le fameux rhume des foins…Merci les gars!

D’ailleurs, la petite astuce jardin du jour. Si vous voulez améliorer la production de maïs, c’est judicieux de les placer proches les uns des autres, comme sur la photo de droite. ça va faciliter la pollinisation.

Certains graines se disséminent par l’eau, mais c’est négligeable en comparaison du vent et des animaux.

On vient de voir par quel moyen les plantes sont pollinisées. Alors, une fois que le fruit est mûr, comment on fait pour disséminer tout ça?

On a encore et toujours le vent, c’est l’anémochorie. Ici, une samare d’érable, qui agit comme les pales d’un hélicoptère, et ralentit la chute de la graine.

La graine de pissenlit aussi, très légère et aidée par une sorte de parachute.

La carotte fonctionne un peu comme les boules sèches qui traversent le désert dans les westerns.

On a même des plantes qui font des ballons, mais je n’ai jamais observé leur déplacement.

Voilà pour le vent. Maintenant, les animaux, toujours! On remarque déjà que les plantes sont pollinisées, mais aussi disséminés par les mêmes agents.

Ici, un Tamia qui stocke dans sa bouche en attendant de trouver une cachette.

On peut aussi parler de séduction des animaux! Un beau fruit charnu, belle couleur, bon goût, et tout et tout…On crée même de la culture sur cette base, par exemple le concours de lancer de noyau d’olive.

A lire aussi :  Optimiser son lieu de vie avec le principe de versatilité (principe de permaculture)

Et, bien sûr, quelque chose qu’on connait tous : les graines qui s’accrochent aux vêtements, aux pelages. Les bardanes, carottes, etc. ont inspiré l’inventeur du velcro!

Les oiseaux aussi disséminent les graines sur de longues distances, en mangeant les fruits et en allant aux toilettes un peu après.

On peut citer l’exemple de la dissémination par les fourmis qui est spécifique à certaines graines, qui contiennent une réserve de nourriture à destination des fourmis, mais inutile à la plante. Les fourmis récoltent, mangent, et rejettent la graine.

A propos du nombre de graines par fruit, comparez animaux et végétaux (maman fait 1 humain à la fois, et on prend soin pendant très longtemps de nos enfants.
Souvent: Plus de graine = moins de soin apporté aux bébés. (probabilité de succès en accord)

Concernant la longévité des graines, on entend souvent des choses sur le temps de conservation de nos graines de légumes. ça dépend en fait beaucoup des conditions de stockage, mais aussi de la graine elle-même. On observe trois type de graines, les micro, moéso, et macrobiontiques. Chaque famille a sa propre fourchette de longévité : Quelques mois pour les Microbiontiques, comme le peuplier et le caféier, contre 2 à 5 ans environ pour les mésobiontiques; ce sont les tomates, les radis, melons, etc. Les plus costaux, les macrobiontiques comme le palmier, le coco, le dattier, survivent 10 ans est plus, grâce à une couche protectrice épaisse, et un fruit fait de beaucoup de glucides (qui se conservent mieux que les lipides des graines précédentes).

Ici aussi, on a des records ! 1200 ans pour le lotus sacré, et 2000 ans pour le palmier datier!

Parlons maintenant de quelques stratégies, car oui, les plantes ont parfois des stratégies incroyables pour se reproduirent. Tout à l’heure on parlait des plantes qui choisissent les fourmis pour disséminer leurs graines, et bien parlons des pionnières pyrophites comme le pin! La graine est totalement ignifugée. Dit autrement, elle résiste aux incendies! Et une fois que tout a brûlé, elle a le champs libre pour prospérer pépère, sans concurrence!

L’eucalyptus est de la même catégorie, et même pire : il se reproduirait uniquement en cas d’incendies. Sa sexualité dépend du feu.

Pour finir, j’ai envie de vous partager quelques données qui aident à prendre conscience de l’incroyable diversité qui règne dans le monde végétal, avec un petit fond sonore en mode confinement nature, au calme.

Il existe 7500 variétés de tomates dans le monde. Vous pensiez être un cador parce que vous en connaissez une vingtaine? désolé les gars!

La réserve mondiale de semences du Svalbard a une capacité de stockage de 4,5 millions de variétés. C’est cadeau.

Dans cette même réserve, les oignons peuvent être conservées pendant 413 ans. C’est un peu mieux que chez moi!

Et à votre avis, le pois chiche? 2613 ans! Toujours plus.

Et à votre avis, le Sorgho? 19890 ans! Toujours, toujours plus…

Combien y a-t-il d’espèces végétales dans le monde d’après vous? 400 000! Et l’on mange peut-être 70 légumes différents, à tout casser…

Et nous en découvrons à peu près 2000 chaque année dans le monde.

La France est le premier exportateur de graines au monde.

Le Bégonia a peut-être les graines les plus chères du monde : 80 à 120 000€/gramme, et comme ce sont des graines légèrissimes, eh bien le kilo, à 600 000€ est plus cher que l’or (environ 40 000)

C’en est tout pour cette vidéo, je suis ravi d’avoir pu partagé une partie de ma conférence sur le monde des graines avec vous. Normalement, la seconde partie, que je ne montre pas ici, parle des cultures agricoles et humaines, mais pour pas faire trop long…je la partagerais peut-être dans une prochaine vidéo?

Allez, bisous tout le monde, et prenez-soin de vous!


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